La dépendance et l’aide aux aidants sont des sujets qui nous concernent tous. Un tiers des français prennent soin ou ont déjà accompagné un proche âgé en perte d’autonomie. Aujourd’hui, ils sont 4,3 millions à assurer ce rôle. Un rôle irremplaçable qui cumule une charge de travail physique, psychologique et financière considérable, et pourtant totalement bénévole. Si l’on ajoute à ces aidants, tous ceux et celles qui s’occupent régulièrement d’enfants, d’adolescents ou de jeunes adultes malades ou handicapés, ce chiffre atteint les 8,3 millions de personnes. Une contribution sociale qui pourrait représenter 164 milliards d’euros par an s’ils devaient être remplacés.
Le plus souvent, cette aide s’inscrit dans une solidarité naturelle au sein de la famille. 20% des aidants déclarent que leur accompagnement est source de répercussions positives : il donne un nouveau sens à leur vie, apporte un sentiment de devoir accompli et d’estime de soi. Néanmoins, 41% des aidants familiaux préféreraient confier la prise en charge de leur proche à des professionnels.
L’aide familiale va continuer à se développer en France, notamment en raison de la démographie et de l’équilibre générationnel qui évoluent. Ainsi, on estime que le nombre de personnes âgées dépendantes devrait croître de 50% d’ici 2040. Un challenge se prépare pour les aidants de demain !
Risque d’épuisement physique et moral
Ménage, toilette, courses, préparation des repas, démarches administratives… Pour un grand nombre d’aidants, véritables « super-héros » du quotidien, l’investissement est considérable. Accompagner un proche, parfois quotidiennement, peut s’avérer difficile. Agissant le plus souvent dans l’intimité du cercle familial, les aidants ont un statut encore mal connu. Sous-estimant eux-mêmes l’importance de leur action, ils ne s’octroient généralement pas de répit.
L’impact sur leur santé est désormais considéré comme un nouveau problème de santé publique car les conséquences de leur implication génèrent le plus souvent un stress croissant, des troubles du sommeil, un épuisement, un schéma dépressif important qui conduisent vers une dégradation de leur santé. L’aidant privilégie systématiquement la santé de la personne qu’il accompagne, au détriment de la sienne, et néglige ses propres besoins en matière de santé. Il est malheureusement courant que certains décèdent avant la personne qu’ils accompagnent.
« Beaucoup d’aidants n’ont pas conscience du risque d’épuisement, souligne Anne WERTENBERG, Coordinatrice de Rivage, plateforme d’accompagnement et de répit des aidants familiaux. Ils estiment qu’ils n’ont pas le droit de se plaindre, ni de prendre soin d’eux, l’unique priorité étant, à leurs yeux, l’état de santé du proche qu’ils accompagnent, ajoute-t-elle. C’est pourtant essentiel de faire attention à soi. En mettant en péril leur état de santé, ils peuvent compromettre, à leur insu, la qualité de l’aide apportée et leur capacité à aider sur la durée. Qu’il s’agisse d’un choix personnel ou d’une situation imposée, il est important d’accepter d’être aidé pour mieux aider l’autre. Tous gagneraient à être soutenus dans leur lourde tâche afin de pouvoir la mener au mieux. »