Interpellée par Monsieur Jean-Marie MEYER, Président d’APAMAD (Association Pour l’Accompagnement et le Maintien A Domicile), sur les difficultés rencontrées par le secteur de l’aide à domicile, la Sénatrice Patricia SCHILLINGER a obtenu d’être reçue, mercredi 1er Octobre, par Madame Katy BONTINCK, Conseillère technique de la Ministre Laurence ROSSIGNOL, chargée de la Famille, des Personnes Agées et de l’Autonomie.

La sénatrice était accompagnée d’une délégation d’APAMAD, composée d’une représentante du Conseil d’Administration, Madame REITH, de la Direction, Messieurs DOMAS et KAMMERER, de représentantes du personnel membres du Comité d’Entreprise, Mesdames BIGOT (représentante CFTC) et LEDER (représentante CGT).

En présence de la Sénatrice du Haut-Rhin, la délégation a échangé pendant plus d’une heure avec la Conseillère technique de la Ministre. Une écoute attentive a permis de dégager quelques perspectives d’action qui permettront de proposer, dans le cadre de la future loi d’accompagnement du vieillissement de la société, une amélioration du soutien à domicile. Il s’agit notamment d’augmenter l’aide financière aux personnes âgées dépendantes et de recadrer les conditions d’intervention au domicile.

Nous ne sommes pas dans une usine

A ce titre, la généralisation des interventions de très courtes durées, liées à uneinsuffisance de financement, a été dénoncée par les représentants du personnel : Madame LEDER (CGT) explique «  qu’une demi-heure pour lever une personne, l’aider à faire sa toilette, à s’habiller, à prendre son petit déjeuner,… occasionne beaucoup trop de stress pour la personne aidée, comme pour le salarié ». Pour Madame BIGOT (CFTC), « nous ne sommes pas dans une usine ; nous voulons travailler dans la sérénité et dignement, afin de permettre aux personnes âgées de vieillir chez elles, comme elles le souhaitent ».

Les représentants des salariés expliquent que la généralisation des interventions d’une demi-heure auprès des personnes âgées, souvent très dépendantes, à leur domicile, ne permet plus d’exercer le métier correctement. Madame LEDER (CGT) a témoigné de l’attachement des aides à domicile pour leur métier et leur combat pour le maintien des emplois : « Nous voulons que le métier continue : il est fait d’espoir pour les personnes que nous aidons et nous voulons garder cet espoir. C’est le sens de notre démarche auprès de Madame la Ministre.»

L’aide à domicile dans l’impasse

Madame REITH, administratrice d’APAMAD, a également lancé un cri d’alarme surl’impasse dans laquelle se trouve le secteur de l’aide à domicile, comme cela a été dénoncé par un rapport du Sénat, qui pointait en juin dernier que le secteur était « à bout de souffle ».

La généralisation des interventions d’une demi-heure, pour faire face au manque de financement actuel, conduit en effet le secteur dans une impasse qualitative et financière. Cela ne peut pas être acceptable, ni pour les personnes âgées, ni pour leur famille, ni pour les pouvoirs publics. Madame SCHILLINGER a ainsi proposé sa participation à un groupe de travail ministériel sur cette question.

Les entreprises marchandes précarisent le métier

Enfin, les représentants d’APAMAD ont souligné les distorsions de concurrenceauxquelles étaient soumises les structures associatives, face aux entreprises marchandes à but lucratif qui, dans leur grande majorité, n’appliquent pas les mêmes conventions collectives et règles d’intervention. Ainsi, les entreprises marchandes attribuent aux intervenants à domicile un statut précaire. Le Ministère a annoncé qu’il se préoccupait de cette situation, avec le souci de mieux réguler les attributions d’agréments des prestataires, et avec la volonté de limiter l’arrivée de nouvelles structures dans les champs des personnes âgées ou en situation de handicap. La Conseillère du Ministre a insisté sur l’avantage d’être employé par une grande structure associative telle que le Réseau APA (dont fait partie APAMAD), par rapport à d’autres acteurs, car elle est porteuse de professionnalisme, de rigueur, ainsi que de valeurs, et animée d’un esprit d’intérêt général. L’objectif du Gouvernement est de consolider la présence de ce type d’organisme sur chaque territoire.

Des pistes de solutions

En réponse à la demande des représentants des salariés, de revaloriser la profession et d’obtenir un salaire « digne » vis-à-vis de la mission qu’ils exercent, la Conseillère a répondu que la Ministre se battait pour une revalorisation de la valeur du point, gelée depuis plus de 5 ans.

L’évolution de l’organisation du travail et de la coordination entre les services d’aide à domicile et les services de soins infirmiers à domicile, ainsi que le rôle des aidants, ont également été évoqués : ils constituent des pistes permettant d’améliorer les conditions de vie des personnes âgées dépendantes, mais aussi des conditions d’exercice de l’ensemble des professionnels de ces secteurs. Ces sujets seront abordés dans le cadre de la future loi, dont le parcours nécessitera encore quelques mois de débats.

APAMAD reste mobilisée

Dans cet intervalle, la Ministre est décidée à agir vis-à-vis de l’urgence de la situation critique vécue par les services d’aide à domicile. APAMAD est désormais dans l’attente de la concrétisation rapide des promesses faites.

L’association reconnue de mission d’utilité publique ajoute qu’elle sera particulièrement vigilante à ce que le vote de la loi soit effectivement accompagné des moyens financiers à la hauteur de l’enjeu. Et ceci, afin de respecter l’ensemble des professionnels, et de maintenir la dignité de nos aînés.

La presse en parle

La presse continue de se faire le relai des revendications d’APAMAD. Deux articles ont ainsi été publiés dans les DNA du dimanche 5 octobre.

Aide à domicile, des besoins croissants – DNA du 5 octobre

Aide à domicile, tout un secteur en difficulté – DNA du 5 octobre

Pour rappel, APAMAD intervient sur l’ensemble du Haut-Rhin et représente :

  • 21 antennes de proximité réparties sur le département
  • 1 433 253 heures d’aide à domicile par an
  • 1 770 salariés
  • 16 000 personnes accompagnées par an dans le cadre de ses différents services (aide et accompagnement à domicile, livraison de repas, soins infirmiers à domicile, accueils de jour, protection juridique des majeurs, aide aux aidants